Sacre bleu ! Le vin bleu fait des vagues dans le sud de la France

Une révolution dans le domaine des spiritueux ?

Un verre de bleu, monsieur ? C’est une question qui risque de choquer les viticulteurs puristes en France. Dans ce pays où le vin est un mode de vie plutôt qu’une simple boisson, les consommateurs n’en ont jamais assez dans la ville méridionale de Sète. Les vacanciers et les riverains ont bu les 2000 premières bouteilles du chardonnay turquoise dans les restaurants et les bars de la station balnéaire méditerranéenne. Aujourd’hui, René Le Bail, un grand revendeur de vin fabriqué en Espagne, a passé une commande de 600 000 bouteilles.

« Ça me rappelle quelque chose, je ne sais pas quel fruit, ça me fait peut-être penser peut-être à des bonbons de mon enfance « ,

raconte Frédéric, un client.

 

« J’adore la couleur, c’est parfait pour l’été. Cela apporte le bonheur, la joie, j’aime vraiment ça, »

dit Nora, une touriste de Singapour pendant qu’elle en buvait dans un restaurant en bord de mer.

Le vin obtient sa couleur bleu électrique en étant filtré à travers une couche de peaux de raisins rouge contenant un pigment naturel : l’anthocyanine.

Une production en Espagne

Le Bail s’est tourné vers un vignoble du sud de l’Espagne, dans la région d’Almeria, afin de produire un vin bleu aux arômes de cerise, de framboise et de fruits de la passion.
Ce n’est pas le premier vin bleu produit en Espagne. En 2016, la startup espagnole Gik a développé un vin à la teinte saphir profond. Mais à cause de son étiquette « vin bleu« , il a enfreint les règles strictes de l’étiquetage français et n’a pu être exposé en magasin que sur une courte période.
L’entrepreneur a contourné la réglementation avec des noms astucieux, en étiquetant les bouteilles de 12 euros : Vindigo‘.
« Je pense que ces 600 000 bouteilles seront vendues deux mois. Tout le monde en veut », a déclaré Le Bail à Reuters.
Selon Le Bail, les commandes provenant de France, de Belgique et d’Allemagne abondent sur la page Facebook du vin. Les demandes s’étendraient même jusqu’en Russie, dans les Caraïbes et en Chine.
« Nous avons dit non à tous les grands supermarchés. Nous voulons vendre le vin en France par l’intermédiaire de détaillants en vin et d’épiciers « , a-t-il rajouté.

Un scepticisme de la part des détaillants

En France, le vin rosé a été, pendant des décennies, considéré comme un pauvre cousin du rouge et du blanc avant de devenir à la mode ces dernières années. Ainsi, tout le monde ne partage pas la conviction de Le Bail que le vin bleu est là pour durer.
« C’est un peu lourd dans ses arômes », dit Philippe Delran, un marchand de vin à Sète qui, en jugeant le bouquet du vin, a levé les sourcils d’un mécontentement à peine dissimulé. « Il a besoin de plus de travail. »